Monstre

 

On dit que c’est un monstre.

Ah ! Comme il nous effraye !

D’un seul geste il balaye

Nos vies et les démonte

En millions de secondes

Qu’il égrène à la ronde.

C’est vrai qu’il nous dévore,

Quels que soient nos efforts

On ne peut résister

À sa fatalité.

 

Le temps, il nous poursuit

Puisqu’on fuit devant lui,

Et quand il nous attrape

Pouf ! On passe à la trappe

Voici ce que l’on conte

Aux enfants dans les contes

Voilà que le futur

Devient le seul lieu sûr.

 

L’angoisse de vieillir

Tue l’envie de grandir

Et on donne à manger

Nos peurs au sablier.

 

Mais j’avoue je m’en cogne

Je le dis sans vergogne

Vous vous méfiez de lui ?

Je m’en fais un ami,

Les monstres sont parfois

Des compagnons de choix.

 

Je n’aim’ pas les conseils

Mais lui c’est pas pareil

Il ne joue pas au sage

N’assèn’ pas de message,

Non, il se fait soleil,

Murît mes fruits, ma rage.

 

J’veux pas tuer le temps,

Je veux en prendre soin

Caresser son présent

Admirer son ‘au loin’

User de mes deux mains

Pour pétrir aujourd’hui

Et remettre à demain

Les choses qui m’ennuient.