La dispute

ARTHUR : Tu n’es qu’un serpent à sonnette !

CLÉMENTINE : Et toi, une grenouille venimeuse !

ARTHUR : Haricot vert trop cuit !

CLÉMENTINE : Salade de brocoli pourri !

ARTHUR : Tu… Tu n’es plus ma sœur ! Voilà.

CLÉMENTINE choquée: Oh !

ARTHUR : Et je ne jouerai plus jamais avec toi !

CLÉMENTINE se reprenant : Je m’en fiche, je préfère être toute seule de toute façon !

Ils se tournent le dos. Silence.

ARTHUR : Je n’ai pas besoin de toi.

CLÉMENTINE : Moi non plus.

Silence, ils boudent.

CLÉMENTINE : Je vais enfin profiter de la belle vie de fille unique.

ARTHUR : Je ne t’entends même plus quand tu me parles.

 Ils s’étirent, bougent une jambe, leurs mains, cherchent à s’occuper.

CLÉMENTINE : Je m’ennuie. Je peux bien le dire de toute façon puisque tu ne m’entends plus.

ARTHUR : Et toi, tu m’entends ?

CLÉMENTINE : Non.

ARTHUR : Parfait. Moi aussi je m’ennuie. Je peux le dire, du coup.

Silence.

CLÉMENTINE : Zut. Si Arthur m’entendait, je pourrais lui demander, mais ce n’est plus possible.

ARTHUR après trois secondes : Si Clémentine m’entendait, je lui demanderais ce qu’elle me demanderait si je l’entendais, mais de toute façon elle ne m’entend pas.

CLÉMENTINE : J’aurais quand même bien voulu lui demander pourquoi on se disputait, vu que je n’arrive plus à m’en souvenir, mais du coup je ne le saurais jamais.

Arthur se tient le menton et réfléchit. Il se tourne d’un quart vers Clémentine, réfléchit fort.

ARTHUR : Je me demande bien ce qui m’a fait me le demander, mais je crois que j’ai oublié pourquoi on se disputait. Ah si, une histoire de couleur de feutre peut-être.

CLÉMENTINE : Oh, tiens, je me souviens qu’on voulait le même feutre, maintenant, mais tout de même, on n’arrête pas d’être frère et sœur juste pour ça…

ARTHUR : Ça peut pas être juste ça quand même. J’ai dû oublier le vrai truc. C’est bien l’oubli.

CLÉMENTINE : C’est pratique l’oubli.

ARTHUR : Je pourrais même oublier la dispute tout entière du coup.

CLÉMENTINE : Hop, un p’tit coup d’effaceur.

Ils se tournent l’un vers l’autre.

ARTHUR : Clémentine !

CLÉMENTINE : Arthur !

Ils se font un câlin.