Publié dans la revue internet Le Mammouth éclairé n°7, en réponse à l’appel à textes sur le thème “Illusions”. 

(Une illusion d’optique se cache entre les colonnes…)

 

Texte du calligramme :

 

Interstices

Tu tiens debout, solide comme des colonnes (c’est aussi grâce à nous).

Perchés sur le toit des bâtisses, trinquons avec le vent qu’aucun mur n’arrête.

Il se joue des distances et des précipices, nous lie dans l’invisible en un tête à tête.

Et nos rires s’envolent en délires.

On n’est pas toujours là,

Le temps passe sans nous,

Mais tu nous trouveras,

Sans faille au rendez-vous,

Si tu as des tracas

Ou crois devenir fou.

Nous sommes les piliers,

Refuge en cas d’orage,

Nous sommes le bardage

De ta vie en chantier

Et à travers nos âges

Perdure l’amitié

Quand l’un de nous s’effondre

Tu sens le sol trembler

Son ombre dure à fondre

Et rien ne peut combler

Le trou dans l’échiquier

… … … …

Au grand jeu de la vie

Nous n’avons pas d’avis,

Seulement des oreilles

Et des bras sans pareils.

Le bonheur se ravit,

Cueille donc ses merveilles

Ose arpenter le fil

En acrobate fol.

Nos pierres qui s’empilent

Sauront se faire molles

Pour te rattraper pile

Si tu chois vers le sol.

Nous vois-tu où il n’y a rien à voir ?

Nous ne sommes ni terreau ni racines, mais le fruit de tes choix de chemin.

Tu tresses nos routes en nœuds savants, l’air de rien.

Nous sommes les interstices, l’ombre bienvenue, le paysage rassurant.

Peu importe si tu glisses, peu importe le mauvais temps.

Et si un jour tu crois être seul, si tu baisses les bras

Alors détrompes-toi, nous ne sommes jamais loin de là.

Jamais loin de là. Là.

NE TE SENS PAS VIDE TU ES PLEIN DE NOUS

LÀ ICI PARTOUT NULLE PART

NOS TENDRESSES NOS PIERRES POUR S’ASSEOIR SE GRANDIR OU S’APPUYER